Médecine de l’enfant au quotidien
Allergie à l’arachide chez l’enfantPeanut allergy in children

https://doi.org/10.1016/j.perped.2024.01.014Get rights and content

Résumé

L’allergie à l’arachide est la première cause d’anaphylaxie chez l’enfant. Un diagnostic précis est nécessaire, incluant les IgE spécifiques des composants allergéniques ; les allergies croisées éventuelles doivent être recherchées. La prise en charge inclue avant tout le régime d’éviction, idéalement avec l’aide d’un(e) diététicien(ne), la prescription d’une trousse d’urgence avec dispositif auto-injectable d’adrénaline, et la mise en place d’un PAI. L’éducation thérapeutique est le complément indispensable à ces différentes mesures. L’immunothérapie orale est prometteuse, réservée à ce stade aux centres experts. Elle doit faire l’objet d’une décision médicale partagée avec la famille, en tenant compte des bénéfices attendus (acquisition d’une tolérance, rarement guérison), des effets indésirables éventuels, et de l’impact sur la qualité de vie.

Summary

Peanut allergy is the leading cause of anaphylaxis in children. An accurate diagnosis is necessary, including specific IgE testing for allergenic components, and potential cross-allergies should also be investigated. Primary management involves an elimination diet, ideally with the assistance of a dietician, the prescription of an emergency kit with self-injectable adrenaline device, and the implementation of an individualized healthcare plan (PAI) for the child. Therapeutic education is the essential complement to these measures. Oral immunotherapy is promising but is currently reserved for expert centers. The decision to pursue immunotherapy should involve shared decision-making with the family, carefully considering the expected benefits (such as tolerance acquisition, albeit rarely leading to a cure), potential adverse effects, and its impact on the quality of life.

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Épidémiologie

L’arachide (Arachis hypogaea), dont le fruit s’appelle cacahuète est une plante de la famille des légumineuses originaire d’Amérique du Sud.
Une différence de prévalence de l’allergie à l’arachide existe entre les pays industrialisés et les pays émergents, mais également entre les pays dont les habitudes alimentaires et d’introduction de l’arachide sont différentes. Par exemple, une comparaison entre 2 populations d’enfants au Royaume-Uni et en Israël retrouve une prévalence de 1,85 % au

Modes de découverte et formes cliniques

La forme rencontrée dans l’immense majorité des cas est l’allergie IgE-médiée.
Tous les symptômes IgE médiés sont possibles allant du syndrome oral à l’anaphylaxie létale ou pré-létale. L’arachide représente dans le registre européen des anaphylaxies [4] chez l’enfant 85 % des réactions anaphylactiques. L’arachide apparaît comme un facteur de réaction plus sévère et souvent associé à un asthme. L’arachide est en tête des allergènes à l’origine de réactions anaphylactiques létales notamment aux

Clinique

Le diagnostic est évoqué à l’interrogatoire devant des symptômes évocateurs d’une réaction IgE médiée, après ingestion, inhalation ou contact avec l’arachide. La forme et la quantité de l’aliment doivent être précisées. La consommation passée ou ultérieure de l’allergène suspecté est à rechercher. Les symptômes IgE-médiés (non spécifiques) à rechercher sont cutanéomuqueux : urticaire localisée ou généralisée, prurit, œdème (labial, facial…), flush) ; respiratoires : toux, sifflements, dyspnée

Éducation thérapeutique du patient (ETP), régime d’éviction

L’ETP est un élément pilier de la prise en charge. Elle doit être personnalisée, adaptée au patient et à son entourage. L’immunothérapie orale est une perspective très intéressante, mais l’éviction reste aujourd’hui l’option principale dans la prise en charge de l’allergie alimentaire. De nombreuses compétences de sécurité sont à atteindre chez l’enfant allergique et son entourage. Ceux-ci comportent :
  • la reconnaissance de l’allergène ;
  • la gestion de l’éviction dans toute situation ;
  • la

Évolution spontanée de l’allergie à l’arachide

L’allergie à l’arachide est une allergie qui débute tôt dans la vie et tend à persister à l’âge adulte. En effet, seulement 15–20 % des allergies à l’arachide ou aux fruits à coque régressent avec le temps [[21], [22]].

Immunothérapie

Lorsque l’éviction stricte d’un allergène est difficile à mettre en œuvre et qu’elle met en danger le patient, le choix de l’immunothérapie est discuté avec la famille. Celle-ci a été décrite par plusieurs voies : sublinguale, épicutanée, orale. Elle peut être réalisée sous biothérapie dans certains cas. L’immunothérapie orale constitue la voie de référence actuellement.

Conclusion

L’allergie à l’arachide est un problème de santé publique, avec une prévalence en augmentation comme l’ensemble des maladies atopique, et un risque élevé de réaction sévère. Même si la rémission spontanée est possible, elle ne concerne qu’environ 20–25 % des enfants allergiques à l’arachide.
Une prise en charge optimale reposant avant tout sur l’éviction alimentaire et l’éducation thérapeutique est indispensable, et peut inclure une induction de tolérance, qui devra alors être suivie en étroite

Déclaration de liens d’intérêts

S. Wanin a reçu des honoraires personnels de Aimmune, ALK, AstraZeneca, GlaxoSmithKline(GSK), Novartis, Sanofi, et Stallergenes.
M. Bourgoin-Heck a reçu des honoraires personnels de ALK, Stallergenes, AstraZeneca, Biocryst, Takeda, CSL-Behring, Novartis et Thermofischer.

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