Mise au point
Allergie alimentaire chez l’enfant : éviter les erreurs diagnostiquesFood allergy in children: Avoid pitfalls in diagnosis

https://doi.org/10.1016/j.reval.2023.103681Get rights and content

Résumé

Une manifestation clinique apparaissant pendant ou après un repas n’est pas toujours causée par une allergie alimentaire. L’analyse sémiologique, le délai de survenue entre l’exposition et les signes, la prise en compte des circonstances favorisantes ou confondantes ainsi que le ciblage de l’allergène probable au sein du menu sont des données nécessaires à l’argumentation étiologique. Les diagnostics différentiels sont nombreux en fonction de la présentation clinique et de l’âge, tels que par exemple une histaminolibération non spécifique, une urticaire infectieuse, le syndrome des flushs gustatifs, une intoxication alimentaire, une gastroentérite aiguë débutante. Le praticien peut également être piégé dans sa démarche diagnostique par la sélection et/ou l’interprétation erronées du bilan complémentaire. L’enjeu majeur est d’éviter un suivi médical inadéquat ainsi qu’un régime d’éviction inutile.

Abstract

A clinical manifestation occurring after a meal is not always caused by a food allergy. The semiological analysis, the time of onset between exposure and signs, the consideration of favorable or confounding circumstances or the selection of the probable allergen are necessary data for etiological diagnosis. There are many differential patterns depending on the clinical presentation and age, such as non-specific release of histamine, viral urticaria, auriculo-temporal syndrome, food poisoning, acute gastroenteritis for exemple. The practitioner can also be mistaken in his diagnostic approach by a wrong selection and/or interpretation of paraclinical explorations. The main purpose is to avoid inadequate medical follow-up and useless avoidance diet.

Introduction

La prévalence de l’allergie alimentaire est en augmentation. La démarche diagnostique en allergologie repose sur une enquête anamnestique détaillée, aidée selon les cas de tests explorant la sensibilisation (prick, IgE) et/ou d’un test de provocation par voie orale [1].
Tout événement survenant après exposition à un aliment ne doit pas être attribué de manière systématique à une allergie alimentaire. Les erreurs diagnostiques sont reliées le plus souvent à un manque d’exhaustivité des informations cliniques, à la prescription et/ou interprétation inadéquate des bilans complémentaires, à la méconnaissance des diagnostics différentiels.
Cet article rassemble les points d’attention et les pièges dans la conduite diagnostique face à une suspicion d’allergie alimentaire chez l’enfant. L’objectif est d’éviter un suivi médical inadéquat ainsi qu’un régime d’éviction inutile.

Section snippets

Allergie IgE-médiée suspectée

L’analyse sémiologique comprend : la voie d’exposition (ingestion, contact, inhalation), les signes observés (cutanés : urticaire, angiœdème, prurit ; digestifs : douleurs abdominales, vomissements, diarrhée ; respiratoires : dyspnée laryngée, bronchospasme ; neurologique : prostration, malaise) avec leur délai d’apparition et de résolution [2].
Les signes cliniques précités sont non spécifiques de réaction allergique. Leur association renforce cependant la probabilité d’un lien avec un

Principales causes à évoquer

Les principales causes à évoquer en diagnostics différentiels de l’allergie alimentaire chez l’enfant sont synthétisées dans le Tableau 2.
Tout symptôme apparaissant pendant ou après un repas n’est ainsi pas relié à une allergie. Le meilleur exemple est le diagnostic d’intoxication alimentaire. D’autres pathologies ont une physiopathologie immunologique mais non allergique, telle que la maladie cœliaque. D’autres sont également apparentées par erreur à l’allergie ; c’est le cas de l’intolérance

Conclusion

L’allergologue n’est pas qu’un simple « testeur ». Son expertise, au carrefour de nombreuses spécialités, nécessite une connaissance solide des multiples diagnostics à envisager face aux circonstances et signes variés susceptibles d’évoquer une allergie alimentaire.
Une anamnèse très détaillée ainsi qu’une appréciation raisonnée des apports et limites des tests allergologiques permettent d’argumenter avec rigueur le diagnostic d’allergie immédiate ou retardée, en évitant les pièges d’une

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (26)

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